vendredi 8 août 2008

La nuit du 15 novembre 1976

Salut, salut les enfants
Que faites-vous dehors
À la barre du jour?
On regarde les arbres
Les nuages, les murs
Monts, plaines et villes
Le pays est à nous
Le pays est à nous
Nous ont dit nos parents

Salut, madame, salut
En pleine nuit dehors
Que faites-vous toute seule?
J'avais un rendez-vous
Il est là, il est venu
C'est une affaire d'amour
Qui commence entre nous
Laissez-nous, laissez-nous
Charnellement à lui
Il me possède enfin
L'amant que j'attendais

Salut, salut grand-père
Deux heures du matin
Et vous ne dormez pas?
J'acclame dans mon coeur
Le géant qui se lève
Si j'avais mes vingt ans
J'irais danser devant
Content je meurs
Éteignez la bougie

Salut, salut professeur
Voyez-vous pas qu'il neige?
Vous êtes tête nue
Oui, chapeau à la main
C'est pour le saluer
Lui offrir mes services
Je le découvre aussi
Pour la première fois
Lui demande pardon
De ne pas l'avoir vu
Avant ce jour présent
J'en suis tout bouleversé

Et vous, théologien
Vous le pianiste aveugle
Vous le voyez aussi?
On le touche, on le palpe, on le sent
Je lui fais une symphonie
Moi qui ne faisais rien
Et le théologien cherche les mots qu'il faut
Mais n'y arrive pas

Ne mettez pas de mots
Laissez tonner de joie
Six millions de poitrines
Six millions de saluts
Sur les deux bords du fleuve
À partir d'aujourd'hui
On bâtit, on bâtit...

Félix Leclerc (1914-1988)


Oui que d'espoirs déçus après cette victoire du 15 novembre 1976. Je me devais de donner un coup de chapeau à ce chantre québécois, fier de ses convictions. Je l'ai vu pleurer quelques semaines à la veille du référendum de 1980 car il ne serait pas présent au Québec ce 20 mai 1980. Il était à Paris de tout coeur avec nous, parti trop tôt pour déposer son bulletin dans l'urne. Lui qui n'a jamais pu dire OUI sur un bulletin référendaire, nous regarde au ciel et se demande s'il a réellement manqué quelque chose...

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