Ceci est un extrait d'un article publié dans "Valeurs Actuelles" par Fabrice Madouas le 8 octobre 2009.
Il ressort des travaux de très nombreux scientifiques qu’il y a bien des incertitudes sur l’ampleur de ce réchauffement, sur sa durée, sur ses causes et plus encore sur ses conséquences, décrites comme catastrophiques par des écologistes dont les discours font penser aux prédictions millénaristes du “prophète” Philippulus annonçant la fin des temps dans l’Étoile mystérieuse, une aventure de Tintin. Il n’est pourtant pas interdit de penser que ce réchauffement – s’il se poursuit – pourrait avoir des effets bénéfiques.
En octobre 2006, soixante et un scientifiques canadiens ont adressé une lettre ouverte au premier ministre de leur pays, Stephen Harper,pour lui demander l’ouverture d’un débat contradictoire, dont les citoyens sont aujourd’hui privés. Ils y soulignent que « l’étude des changements climatiques globaux est une science émergente, sans doute la plus complexe jamais abordée » et qu’il faudra peut-être attendre de nombreuses années avant d’en comprendre la dynamique.Et d’ajouter : « “Le changement climatique est une réalité” constitue une expression vide de sens utilisée à maintes reprises par les militants pour convaincre le public qu’une catastrophe climatique est imminente et que l’humanité en est la cause.Aucune de ces craintes n’est justifiée. Le climat de la planète change tout le temps, en raison de causes naturelles, et l’impact humain reste impossible à distinguer de ce “bruit” naturel. »
C’est aussi ce que rappelle Martine Tabeaud, professeur de géographie à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. « Bien des causes naturelles sont à l’origine de ces changements climatiques. Il est commode d’opposer, parmi elles, celles qualifiées d’internes, spécifiques de la planète Terre, comme la dérive des continents qui définit la répartition des terres et des mers, la surrection de chaînes de montagne, les éruptions volcaniques, l’activité de la biosphère marine et continentale, et celles dites externes, tributaires de l’émission solaire ou du rayonnement reçu par la planète. »
La Terre est sortie vers 1850 d’une phase que les historiens appellent le “petit âge glaciaire”. Cette période s’étale sur environ cinq cents ans, du XIVe au milieu du XIXe siècle. Elle est marquée par une baisse des températures de 1,5° Celsius en été par rapport aux siècles doux qui l’ont précédée. Sous le règne du Roi-Soleil, le vin gelait dans les verres à Versailles ! Depuis, reconstitutions et mesures mettent en évidence une hausse des températures de 0,76 ° Celsius entre 1906 et 2005, qui résulte principalement d’une augmentation des minimales nocturnes. Mais il ne s’agit que d’une moyenne planétaire : les températures restent à peu près stables dans les zones intertropicales. La prudence conduirait donc à parler non pas du climat mais des climats : toutes les régions du monde ne sont pas également affectées.
« Sauver la planète est un slogan qui ne signifie pas grand-chose, car la planète n’est pas une échelle de travail pertinente », estime Martine Tabeaud. « Il vaudrait mieux raisonner à l’échelle d’ensembles géographiques, ajoute Yvette Veyret, professeur de géographie à Paris X-Nanterre. L’idée d’une gouvernance écologique mondiale fait son chemin depuis le sommet de Rio, en 1992 : l’ingérence au nom de l’environnement paraît désormais aller de soi. Mais on n’impose pas un modèle à l’ensemble des pays du monde. Chacun a sa culture, son histoire, son passé. Il faut se défier des solutions apparemment évidentes. »
Faut-il conclure de cette augmentation des températures que le climat s’emballe ? Al Gore, Nicolas Hulot et les puissantes ONG (Greenpeace, WWF…) qui propagent cette thèse se fondent sur les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’étude du climat (Giec), dépendant des Nations unies.« Les estimations les plus optimistes [du Giec] tablent sur une fourchette d’augmentation d’ici à 2100 allant de 1,8 à 4 oC par rapport à 1990»,r appelle Martine Tabeaud – soit un écart de 2,2 oC. « Ces scénarios ne sont ni des prévisions ni des prédictions », souligne le géologue Jean Laherrère, qui s’étonne qu’ils soient « présentés comme des projections dans le rapport et dans les médias». La géographe Sonja Boehmer- Christiansen en conclut que les rapports du Giec ne suffisent pas à « fournir une évaluation rationnelle des risques que nous encourons » et qu’ils ne justifient pas d’« imposer au monde entier des normes contraignantes assorties des pénalités afférentes en cas de non-respect ».
C’est pourtant sur la foi de ces travaux que les États signataires du protocole de Kyoto se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, surtout de dioxyde de carbone, présenté comme l’une des causes principales du réchauffement climatique – d’où l’adoption de la taxe carbone en France. Le réchauffement résulterait surtout de l’activité industrielle de l’homme.
Or, selon Martine Tabeaud, « c’est la vapeur d’eau [liée notamment à l’évaporation des océans] qui est la plus grande responsable de l’effet de serre ». Elle représente 3 à 4 % des gaz atmosphériques, soit cent fois plus que le dioxyde de carbone ! « Pourtant, la modélisation du climat futur est effectuée avec le CO2 et non avec la vapeur d’eau, plus complexe à prendre en compte. » Si l’on ajoute que les scénarios climatiques du Giec sont fondés sur des prévisions de croissances économique et démographique forcément aléatoires, on peut douter du réalisme de ses conclusions.
Faut-il rappeler que, dans les années 1970, de nombreux experts annonçaient que la Terre allait connaître un refroidissement dramatique ? « Nos calculs suggèrent un refroidissement global pouvant atteindre 3,5° C. Une telle baisse de la température moyenne terrestre, si elle se poursuivait sur quelques années, suffirait à déclencher un nouvel âge glaciaire »,écrivait alors le climatologue Stephen Schneider… qui a participé par la suite aux travaux du Giec !
Quand bien même le réchauffement annoncé se produirait, doit-on souscrire aux conclusions les plus alarmistes ? « Nous fonçons vers l’abîme », a dit le secrétaire général de l’Onu, Ban Kimoon, le 3 septembre, lors de la troisième Conférence des Nations unies, réunie à Genève. En 2006, un économiste britannique, sir Nicholas Stern, a même estimé dans un rapport constamment cité que le réchauffement pourrait engendrer, d’ici à 2050, une perte de 5 à 20 % du PIB mondial :« Le changement climatique […] constitue l’échec du marché le plus important et le plus étendu que l’on n’ait jamais connu.» Progression des déserts, inondations catastrophiques, canicules meurtrières, cyclones dévastateurs, migration de millions de “réfugiés climatiques”… « On est dans l’hystérie du “tout catastrophe”, estime Yvette Veyret. Or toute transformation de la nature n’est pas forcément catastrophique, et tout aménagement n’est pas dramatique. » Le quart du territoire des Pays-Bas se situe sous le niveau de la mer. Il n’a pas pour autant été submergé : « Ses habitants ont construit des digues et des écluses »,explique le professeur Alain Miossec, qui a dirigé l’Institut de géographie de 1997 à 2002. « Il existe des solutions techniques »,poursuit-il en soulignant que l’élévation du niveau des mers reste progressive. Lui aussi refuse de céder au “pessimisme foncier” que propagent de nombreux médias.
Le mythique passage du Nord-Ouest pourrait être libéré de ses glaces
« Les études historiques ont montré que, durant les périodes chaudes, les sociétés repoussent leurs limites, souligne Martine Tabeaud. Du Xe au XIIIe siècle, par exemple, l’optimum médiéval, en Europe, a permis la conquête de nouveaux espaces [le Groenland – c’est-à-dire la “terre verte” – si souvent évoqué], le progrès des échanges, les grands défrichements agricoles pour des assolements limitant de plus en plus la jachère, l’expansion urbaine et le mouvement communal. En Russie, en Asie, en Amérique, les aires de culture progressent vers le nord. » Bien qu’il faille se garder de tout déterminisme climatique, ne peut-on pas imaginer qu’il en sera de même demain ?
Le réchauffement et la fonte des glaces, dans l’Arctique, pourraient autoriser l’exploitation de richesses que l’on ne peut pas atteindre aujourd’hui : des métaux, des diamants et,bien sûr,des hydrocarbures. Selon les Américains, l’Arctique recèlerait le quart des réserves mondiales de gaz et de pétrole (chiffre à prendre avec précaution car nous n’en sommes qu’au début des explorations). Ces richesses suscitent la convoitise des Russes, qui sont allés planter leur drapeau à la verticale du pôle Nord, dans l’océan Glacial Arctique par 4 300 mètres de fond, le 2 août 2007.
Le changement climatique pourrait favoriser l’ouverture de nouvelles routes maritimes : on pense aux mythiques passages du Nord-Ouest et du Nord-Est, qui permettraient de relier l’Europe à l’Asie via les régions polaires débarrassées de leurs glaces. Une route beaucoup plus courte (environ 16 000 kilomètres) que celles passant par le canal de Suez (21 000 kilomètres) ou celui de Panamá (23 000). Même s’il faut, là aussi, se garder de conclusions hâtives : cette route restera sans doute encombrée de glaces dérivantes qui freineront les bateaux qui voudraient l’emprunter, comme l’a démontré Frédéric Lasserre, professeur à l’université Laval (Québec), lors du passionnant Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges, dont la vingtième édition s’est achevée la semaine dernière.
En matière agricole, le réchauffement pourrait permettre la mise en valeur de terres aujourd’hui gelées, donc impropres à la culture,dans le domaine sibérien, par exemple – ce qui prendrait cependant du temps.Une hausse des rendements agricoles dans les zones tempérées est en tout cas prévisible.
L’on peut penser aussi que le changement climatique favoriserait des économies d’énergie en hiver – mais pourrait se traduire par des dépenses nouvelles liées à la climatisation en été… En matière de santé, certains évoquent l’extension des zones de paludisme, par exemple, mais l’on peut prévoir que la mortalité liée aux maladies hivernales diminuera.
Bon nombre de chercheurs redoutent que le catastrophisme climatique ne détourne la communauté scientifique de problèmes bien plus concrets : «Des volets entiers de la recherche risquent d’être marginalisés en termes de financement, remarquait Yvette Veyret dans la revue Diplomatie, en décembre 2007.Des programmes de recherche sur l’environnement qui ne feraient pas référence au développement durable ou au réchauffement risquent en effet d’être décrédibilisés. […] Au total, cette “crise écologique mondialisée” ne revient-elle pas à masquer les vrais problèmes de l’humanité d’aujourd’hui qui sont d’abord et avant tout le mal-développement, la pauvreté, l’analphabétisme, la santé des populations ? »
Si tant d’habitants de Brazzaville, par exemple, manquent d’eau potable, ce n’est pas en raison de sa rareté : la ville est irriguée par le fleuve Congo. C’est qu’ils n’y ont pas été raccordés, et que le réseau des eaux usées est défaillant. Or Brazzaville fait partie des villes ayant la meilleure “empreinte écologique”, mesure qui traduit l’impact des activités humaines sur les écosystèmes. À l’aune de ce seul critère, le Burkina Faso, le Bénin, la Bolivie et le Costa Rica figurent au premier rang des modèles “écologiquement corrects”.
dimanche 10 octobre 2010
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1 commentaire:
j'ai hâte de faire pousser du vin dans ma cours au lieu des tomates, mais malheureusement je ne pense pas que je vais vivre assez longtemps pour le voir
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