samedi 5 mars 2011

Regard collectif dans un miroir subventionné

Ce texte a été écrit par M. Pedro Rodriguez. Il réflète tellement ma pensée que j'ai décidé de le publier intégralement sur mon blogue.


Il est toujours enivrant de penser que l’on vit le début ou la fin de quelque chose, de se croire au milieu d’une période bouillonnante de projets et de changements qui métamorphosera à jamais la société dans laquelle l’on vit.

C’est en même temps un peu prétentieux de penser cela, de croire fortement que l’on est sur le point de tourner une page importante, comme si les générations précédentes ne faisaient que vivre des moments insignifiants, insipides, sans aucune répercussion historique.

Cela dit, au Québec, depuis quelques années, il y a quelque chose dans l’air qui peut suggérer ce genre de raisonnement : des gens avisés et crédibles – de la gauche, du centre et de la droite – se réveillent et sonnent l’alarme pour remettre en question un modèle étatiste québécois fatigué et rongé par un immobilisme chronique.

Dire que c’est le début d’une révolution, ce serait une affreuse exagération. Il s’agit plutôt d’une secousse collective, très modeste pour l’instant, propulsée par une partie de la population qui prône une responsabilisation collective, un dégraissement de l’État providence et une vision de l’avenir adaptée à une réalité économique québécoise qui n’est pas des plus reluisantes.

Cependant, infantilisée pendants des décennies par la mamelle étatique, il y a encore une bonne partie de la population qui, en étant d’accord avec une véritable remise en question du « modèle » québécois, attend après… cette même machine étatique rouillée pour « organiser » cette réflexion collective.

Bref, on est d’accord pour un changement de cap, pour un renouvèlement de la formule, pour faire certains sacrifices qui sont incontournables mais on assume le rôle du contribuable qui attend que le gouvernement organise une « groupe de réflexion » ou lance une énième étude sur les enjeux du système de santé. En d’autres mots, on est d’accord pour se regarder dans le miroir et se poser les vraies questions mais, WO!, il faudrait que le gouvernement paye pour le miroir!

Bien sûr, la machine bureaucratique raffole de ces « citoyens engagés » qui courent après les comités de réflexion, les savoureuses consultations publiques ou les groupes d’étude. Elle salive copieusement en regardant ces initiatives s’éterniser et se répandre. Pire encore, les boss de cette machine, nos élus, se targuent d’avoir écouté la population!

Aurons-nous un jour le courage d’assumer nos responsabilités et d’utiliser de façon autonome nos capacités individuelles pour provoquer un véritable virage au Québec? Pourrions-nous nous débarrasser individuellement et collectivement de cette béquille étatiste et partisane pour pouvoir agir en fonction d’un meilleur avenir pour nos enfants?

L’alarme de feu sonne, il y a déjà de la fumée dans la salle, mais on ne bouge pas, on attend que la maitresse finisse sa pause syndicale et qu’elle vienne nous chercher pour sortir de l’édifice.

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